Passer au contenu principal
main content, press tab to continue
Article

Transparence salariale : quel impact des avantages sociaux sur l’écart de rémunération ?

18 Décembre 2025

La directive européenne impose d’intégrer les avantages sociaux dans l’analyse des écarts femmes-hommes. Les entreprises doivent anticiper, valoriser et justifier leurs pratiques.
Employee Experience|Pay Equity and Pay Transparency|Work Transformation|Compensation Strategy & Design
N/A

Pourquoi cette directive change la donne ?

La directive européenne sur la transparence des rémunérations, applicable au plus tard en juin 2026, va profondément transformer la manière dont les entreprises françaises et multinationales analysent et communiquent leurs politiques de rémunération.

En élargissant la définition de la rémunération aux avantages sociaux, elle impose aux employeurs de démontrer non seulement l’égalité salariale, mais aussi la capacité à identifier, valoriser et expliquer l’impact des avantages sociaux sur l’écart de rémunération femmes-hommes.

Une définition élargie de la rémunération : que dit la directive ?

La directive inclut dans la notion de rémunération : 

  • le salaire de base, 
  • les éléments complémentaires (primes, variable), 
  • et l’ensemble des avantages, en espèces ou en nature, versé directement ou indirectement.

Cela couvre, par exemple : les couvertures de santé et prévoyance, les dispositifs retraite supplémentaire, l’épargne salariale, la politique automobile, des avantages liés au statut ou encore des allocations spécifiques.

Cette approche s'inscrit dans la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne, désormais codifiée dans la directive.

Quels impacts pour les politiques d’avantages sociaux en France et à l'international ?

Si la plupart des entreprises proposent des dispositifs collectifs (santé, prévoyance, retraite supplémentaire, intéressement, participation…), l’enjeu consiste désormais à identifier quels avantages doivent être intégrés, et comment les valoriser de manière cohérente.

Dans ce cadre, la question qui se pose désormais est : quels avantages doivent être inclus dans les analyses et comment les valoriser ?

Sur le plan juridique, la logique de la directive est sans ambiguïté : tout avantage relevant de la relation de travail doit être intégré, qu’il soit monétaire ou en nature.

Différences d’éligibilité : vigilance sur les critères et les catégories

Des écarts peuvent apparaître lorsque l’accès à certains avantages dépend par exemple :

  • du statut (cadre / non-cadre), 
  • du niveau de responsabilité, 
  • des droits non harmonisés suite à des acquisitions historiques.

Les entreprises devront s’assurer que : 

  • les critères d’éligibilité reposent sur des principes objectifs et non discriminatoires, 
  • les catégories définies en interne sont alignées avec les catégories de travailleurs de la directive, ce qui peut nécessiter des ajustements (ex. catégories voitures, critères d’accès aux régimes retraite supplémentaire, primes d’ancienneté…). 

Certaines logiques discrétionnaires (par ex. la définition du salaire, l’attribution d’un véhicule de fonction, l’accès à certains régimes retraite) peuvent également générer un biais indirect, difficile à soutenir lors des analyses.

Comment les avantages sociaux peuvent-ils créer des écarts ?

Même lorsque les avantages sont proposés à tous, des écarts de rémunération totale peuvent apparaître en raison :

  1. 01

    Du design de l’avantage

    Exemple : dans un plan de retraite supplémentaire à cotisations définies, l’accès aux contributions employeur dépend souvent d’une contribution volontaire du salarié. Les collaborateurs qui n’y adhèrent pas bénéficient donc d’une rémunération totale plus faible.

  2. 02

    Des arbitrages individuels

    Dans certains pays européens, certains avantages financés par l’employeur sont imposables pour le salarié, ce qui entraine une baisse du salaire net. Par méconnaissance ou par souci de coût, certains salariés peuvent décider de ne pas bénéficier de ces avantages, créant mécaniquement un différentiel de rémunération totale.

  3. 03

    Des éligibilités différentes

    Les écarts peuvent provenir d’accords antérieurs, d’avantages acquis ou hérités. Cela peut résulter de la fermeture d’un régime par le passé ou d’acquisitions historiques où les entités ont été harmonisées, mais pas les avantages. Dans certaines situations spécifiques, les raisons des différences d’éligibilité seraient – dans de nombreuses juridictions – considérées comme objectives et ne nécessiteraient donc pas que les employeurs harmonisent les avantages ou comblent les écarts de rémunération liés au genre. Cependant, des différences significatives dans la valeur des avantages au sein d’une même catégorie de travailleurs peuvent attirer l’attention des salariés et de leurs représentants. Les employeurs doivent donc être prêts à justifier la cause de ces différences et, le cas échéant, démontrer que tout écart de rémunération entre les genres est explicable.

    En raison de l’importance des avantages sociaux, il est possible que les exemples ci-dessus génèrent des écarts de rémunération entre les genres. Toutefois, dans la plupart des cas, les employeurs devraient pouvoir justifier ces différences par des raisons objectives et neutres du point de vue du genre.

    D’un point de vue juridique, cela ne signifie pas que les avantages peuvent simplement être exclus au motif que l’entreprise « estime » qu’ils sont accordés de manière neutre. Les entreprises doivent disposer d’une méthodologie claire et d’un cadre de gouvernance solide pour les avantages, afin de répondre à toute question réglementaire concernant la méthode de reporting et, surtout, pour articuler un discours cohérent auprès des salariés et de leurs représentants.

    Dans ce contexte, WTW et Linklaters ont accompagné et continuent d’accompagner de nombreuses organisations dans la compréhension de l’impact des avantages sociaux sur les analyses d’équité salariale.

Se préparer à la directive : les étapes clés

  1. 01

    Cartographier et valoriser l’ensemble des avantages sociaux

    La première étape consiste à recenser tous les dispositifs, à comprendre leur mode de financement et à évaluer si et comment ces avantages doivent être revalorisés. Cette démarche peut être complexe en raison :

    • du volume de dispositifs (collectifs, obligatoires, facultatifs),
    • des interactions avec les obligations légales (ANI, cotisations, fiscalité),
    • de la multiplicité des acteurs impliqués (RH, paie, assureurs, courtiers, mutuelles).

    L’objectif : établir une vision complète et fiable de la valeur de chaque avantage.

  2. 02

    Formaliser les choix méthodologiques

    Cette étape est essentielle pour sécuriser les analyses et répondre aux sollicitations internes ou externes :

    • raisons d’inclure ou non un avantage,
    • justification juridique,
    • méthode de valorisation retenue,
    • limites techniques identifiées.

Comment WTW accompagne les entreprises ?

Depuis la publication de la directive, WTW, en partenariat avec Linklaters, accompagne de nombreuses entreprises françaises et internationales pour :

  • préparer leur feuille de route pour une mise en conformité,
  • analyser l’impact des avantages sociaux sur l’écart salarial, 
  • définir une méthodologie conforme et robuste, 
  • sécuriser leurs pratiques vis-à-vis du cadre juridique européen, 
  • anticiper les échanges avec les représentants du personnel. 

Les avantages sociaux constituent l’un des volets les plus techniques de la directive, et peuvent influencer significativement l’analyse des écarts femmes-hommes.

Chez WTW en France, nous mobilisons une expertise reconnue en rémunération globale, avantages sociaux, équité salariale et conformité réglementaire, pour aider les entreprises à sécuriser leurs analyses et à renforcer leur politique de rémunération dans un environnement où la transparence devient la norme. 

FAQ

La directive européenne sur la transparence des rémunérations adopte une définition large de la « rémunération », qui englobe tous les éléments complémentaires ou variables, qu’ils soient financiers ou en nature. À ce titre, les avantages sociaux doivent être valorisés et intégrés dans le reporting de l’écart de rémunération d’ici juin 2026.

Des écarts peuvent apparaître en raison de la conception même de l’avantage (par exemple lorsque la retraite supplémentaire nécessite une contribution du salarié), des choix individuels (comme le fait de renoncer à un dispositif pour des raisons fiscales ou par manque d’information), ou encore de différences d’éligibilité entre populations, qui ne sont pas toujours neutres au regard du genre.

Les entreprises doivent recenser l’ensemble de leurs avantages sociaux, évaluer leur méthode de valorisation et documenter chaque décision prise, en s’appuyant sur des justifications objectives et neutres au regard du genre. Il est également essentiel de mettre en place une gouvernance solide et une feuille de route claire pour garantir la conformité.

Contacts


Director, Work & Rewards
email e-mail

Senior Associate, Work & Rewards
email e-mail

Director, Integrated & Global Solutions
email e-mail

Contact us