En France, l’assurance chômage est un pilier de la protection sociale. Elle permet d’assurer un revenu temporaire pour les personnes ayant perdu involontairement leur activité, tout en les accompagnant vers un retour à l’emploi.
Cependant, pour les seniors, le taux de retour à l’emploi reste relativement bas. Malgré leur expérience et leur savoir-faire, les seniors sont souvent perçus comme moins adaptables aux évolutions du marché du travail.
C’est dans ce contexte que des mesures récentes ont été proposées pour favoriser un retour durable à l’emploi des seniors. L'Accord National Interprofessionnel (ANI) signé le 14 novembre 2024 prévoit notamment la création du contrat de revalorisation de l’expérience, un CDI destiné aux seniors en recherche d’emploi. Cette initiative relance le débat sur l’emploi des seniors.
Quelles solutions peuvent être envisagées pour les maintenir sur le marché du travail jusqu’à leur départ en retraite ?
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Le taux de chômage en France s’établit autour de 7,4% au premier trimestre 2025, soit un niveau relativement stable par rapport à 2024. Cette stabilité masque toutefois des dynamiques contrastées selon les secteurs et les catégories socio-professionnelles. Le marché du travail est en tension dans certains secteurs comme l’industrie, la construction, l’informatique ou encore la santé, (source, la Dares).
De plus, les seniors sont surreprésentés dans le chômage de longue durée (2% contre 1,7% pour l’ensemble de la population). En moyenne, ils restent plus de 520 jours inscrits à France Travail, contre 340 jours pour les 25-49 ans. Aussi, fin 2023, 62% des demandeurs d’emploi seniors inscrits à France Travail le sont depuis plus d’un an (source, Unedic).
Par ailleurs, le chômage des seniors constitue un enjeu majeur en France. Le taux d’emploi des 25-49 ans s’élevait en 2024 à 82,7% contre seulement 60,4% pour les 55-64 ans, avec un contraste marqué entre les 55-59 ans (79%) et les 60-64 ans (42%) (source, INSEE).
Le taux d’emploi des 25-49 ans s’élevait en 2024 à 82,7% contre seulement 60,3% pour les 55-64 ans, avec un contraste marqué entre les 55-59 ans (79%) et les 60-64 ans (42%).
Le taux d'emploi des 55-64 ans en France est plus faible que nos voisins européens. La moyenne dans la Zone euro est de 65,3%. La France se situe dans la moyenne basse avec l’Espagne et l’Italie (source, Eurostat).
pour la Suède (78,1), les Pays-Bas (75,3), l’Allemagne (75,2), la Suisse (75,1), le Danemark (75), la Norvège (73,6), la Finlande (71,7), le Portugal (67,6), la Zone Euro (65,3), l’Espagne (61,1), la France (60,4), la Belgique (59,4), l’Italie (59) et la Grèce (57,3)
La Suède en tête avec 78,1%, puis les Pays-Bas à 75,3% et l’Allemagne à 75,2%.
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Qui peut en bénéficier ?
Tout salarié du secteur privé ayant perdu involontairement son emploi (licenciement, fin de CDD, rupture conventionnelle) peut bénéficier de l’assurance chômage, sous réserve :
Comment sont calculées l’allocation de retour à l’emploi et la durée d’indemnisation ?
L’allocation de retour à l’emploi
Le montant de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) dépend du dernier salaire d’activité, selon une formule combinant un montant fixe et un pourcentage du salaire journalier de référence (SJR).
Le calcul est réalisé de deux manières différentes :
C’est le montant le plus élevé qui est retenu. Ce montant ne peut pas être inférieur à 32,13 € mais dans la limite de 75 % du SJR. L’allocation maximale journalière s’élève à 294,21€ brut.
Le SJR est obtenu en divisant l’ensemble des rémunérations perçues sur la période de référence : 24 mois si le salarié est âgé de moins de 55 ans ou 36 mois s’il est âgé de 55 ans ou plus.
Depuis le 1er avril 2025, l’ARE est versée sur une base fixe de 30 jours par mois, quel que soit le mois.
Lorsque l’ARE excède 92,57€, une réduction de 30% s’applique à partir du 7e mois d'indemnisation.
A compter du 1er avril 2025, cette dégressivité ne s’applique pas aux demandeurs d’emploi qui ont 55 ans et plus à la date de fin de contrat de travail (terme du préavis).
Exemple 1: Willy a 35 ans. Il a un salaire brut mensuel de 2 000€, soit 24 000€ par an. Il est en emploi depuis 3 ans. Sa période de référence est 730 jours (365 x 2 ans).
Ce qui lui donne droit à un SJR de 65,75 € brut.
Calcul de l’ARE de Willy :
Le montant journalier retenu est celui du cas 1.
Exemple 2: Tawera a 57 ans. Elle a un salaire brut mensuel de 4 000€, soit 48 000€ par an. Elle est en emploi depuis 15 ans. Sa période de référence est de 1095 jours (365 x 3 ans).
Ce qui lui donne droit à un SJR de 131,51€ brut.
Calcul de l’ARE de Tawera :
Le montant journalier retenu est celui du cas 2.
La durée d’indemnisation
La durée d’indemnisation varie en fonction de l’âge au moment de la perte d’emploi :
Et les seniors…
Les allocataires ayant atteint l’âge légal d’ouverture des droits peuvent voir leurs droits prolongés jusqu’à la liquidation de leur retraite à taux plein, à certaines conditions. L’indemnisation cesse à l’âge de la retraite à taux plein, et au plus tard à 67 ans.
Les conditions pour le maintien des droits jusqu'à la retraite à taux plein sont les suivantes :
Comment les périodes de chômage impactent-t-elles les pensions de retraite ?
Les ARE ne sont pas soumises aux cotisations à l’assurance vieillesse de la sécurité sociale. Les périodes de chômage sont considérées par l’assurance vieillesse comme des périodes assimilées. Un trimestre est validé tous les 50 jours de chômage, consécutifs ou non, dans la limite de 4 trimestres par année civile.
Tous les trimestres de chômage obtenus sont pris en compte pour déterminer la date de départ à la retraite. Cependant, seuls 4 d’entre eux sont retenus pour partir en retraite anticipée pour carrière longue.
Seules les périodes indemnisées permettent l’acquisition de points de retraite Agirc-Arrco, à condition d’être indemnisé pour un emploi relevant de l’Agirc-Arrco. Le taux de cotisation à la retraite complémentaire s’élève à 3% du SJR.
Comment est financée l’assurance chômage ?
Le taux de cotisation à l'assurance chômage est de 4,00% pour les employeurs, à compter du 1er mai 2025. Ce taux s'applique aux salaires bruts des salariés du secteur privé.
Un dispositif de bonus-malus s'applique aux entreprises de 11 salariés et plus appartenant aux secteurs d'activité ayant un taux de séparation (*) moyen supérieur à 150%. Ce dispositif qui devait prendre fin au 31 décembre 2024, a été prolongé jusqu’au 31 août 2025.
Le montant du bonus ou du malus est déterminé en comparant le taux de séparation de l'entreprise concernée et le taux de séparation médian de son secteur d'activité.
Il n'y a plus de cotisation salariale à l'assurance chômage depuis 2019.
(*) Taux de séparation : rapport entre le nombre de départs/fin de contrat toute cause et l’effectif moyen annuel de l’entreprise
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Malgré un système de protection plus favorable aux seniors, leur retour à l'emploi reste un enjeu stratégique tant d'un point RH qu'économique.
Le non-emploi prolongé des seniors entraîne des risques RH concrets: perte de savoir-faire, fragilisation de la transmission intergénérationnelle, dégradation du climat social en cas de départs contraints ou mal accompagnés.
Il affecte également la marque employeur, notamment pour les entreprises soumises à des obligations de reporting ESG (Environnement, Social, Gouvernance). En effet, depuis 2010, les entreprises de plus de 50 salariés doivent au choix :
A défaut, l’entreprise est passible d’une pénalité financière pouvant aller jusqu’à 1% de la masse salariale.
Avec l’entrée en vigueur de la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) à partir de 2024, les grandes entreprises (en termes d’effectifs ou de bilan sur 2 années consécutives) doivent publier des indicateurs sociaux détaillés incluant :
Sur le plan financier, les conséquences sont multiples :
Pour relever ces défis, plusieurs solutions existent déjà pour les entreprises :
D’autres propositions sont à l’étude :
Le 3 juillet l’Assemblée Nationale a largement voté en faveur du projet de loi dédié à l’emploi des plus de 50 ans. Il prévoit notamment la création d’un Contrat de valorisation de l’expérience destiné à faciliter les embauches.
Le 16 juin 2025, au salon du Bourget, le 1er ministre François Bayrou a proposé la mise en place d’une « prime » pour les seniors afin d’encourager ces derniers à retarder leur départ à la retraite. Les seniors qui repousseraient leur départ percevraient « une partie de (leur) retraite en plus de (leur) salaire ».
Ces propositions visent à maintenir les seniors en emploi jusqu’à leur départ à la retraite et à parvenir un meilleur équilibre financier des régimes de protection sociale.
En résumé, l'assurance chômage joue un rôle clé dans la protection des actifs, en offrant aux seniors des droits élargis et des dispositifs d’accompagnement spécifiques.
Le maintien des seniors dans l’emploi constitue un enjeu majeur pour le système de protection sociale français :
Sur le plan économique, le maintien des seniors en activité contribue à la richesse de l’entreprise valorisant ainsi leur expérience et favorisant la transmission des compétences. Ils représentent une réponse aux tensions du marché du travail notamment dans certains secteurs en pénurie.
Pour les seniors eux-mêmes, rester en emploi permet de conserver une autonomie financière plus importante et un rôle actif dans la société, tout en améliorant leurs droits à la retraite.
Tous ces éléments soulignent l’importance de maintenir les seniors en activité à la fois pour les individus, pour les entreprises et la collectivité.
Un accompagnement adapté des seniors jusqu’à la liquidation de leurs droits à la retraite représente aujourd’hui un défi social et économique à relever.
L’équipe retraite WTW se tient à votre disposition pour vous accompagner dans la mise en place de solutions de transition emploi/retraite pour les salariés en fin de carrière.