Entre exigences renforcées des actionnaires, pression réglementaire croissante et impératifs de compétitivité, les assemblées générales 2025 illustrent une tension structurelle : comment maintenir des dispositifs de rémunération attractifs tout en répondant à des attentes accrues en matière de transparence et de responsabilité sociale ?
En 2025, les résolutions relatives à la rémunération continuent de recueillir des niveaux d’approbation élevés. En France, le taux d’acceptation moyen sur le CAC 40 atteint 90%, un chiffre stable par rapport aux années précédentes.
Cependant, derrière ces chiffres flatteurs, les agences de conseil en vote comme ISS et Glass Lewis identifient des points de tension, en particulier sur les politiques ex-ante. L’analyse de plus de 350 rapports a mis en évidence une vigilance accrue sur la clarté des critères, la justification des hausses des rémunérations et la présence éventuelle de clauses discrétionnaires.
Malgré une année financière favorable pour la majorité des grandes entreprises, et un nombre de renouvellement de mandats importants, les rémunérations des dirigeants reste stables au global car seuls 24% des CEO du SBF 120 qui ont bénéficié d’un ajustement de rémunération fixe. Toutefois, lorsqu’un ajustement est proposé, celui-ci est de 11% en médiane (de 5% pour les plus faibles à 30% d’augmentation pour les plus élevées).
En termes de rémunération variable, les bonus cibles restent plutôt réguliers avec l’année passée mais les niveaux de LTI attribués (plans d’actions à long terme avec conditions de performance majoritairement) continuent de croitre pour les sociétés les plus internationales principalement.
Les critères ESG sont désormais présents dans plus de 88% des plans de rémunération court terme (STI) et dans 64% des plans long terme (LTI). La sélection des critères est également de plus en plus fine et adaptée au contexte ainsi qu’à la stratégie du groupe. Néanmoins, leur poids relatif demeure limité par rapport aux critères financiers et boursiers.
L’entrée en vigueur de la directive CSRD impose aux entreprises un reporting plus rigoureux sur les salaires décents, les écarts de rémunération femme/homme et les ratios d’équité. Si la plupart des groupes du CAC 40 s’alignent sur ces exigences, 1 entreprise sur 3 du SBF 120 ne publient toujours pas l’ensemble des données requises et un grand nombre de groupes appliquent des approches personnalisées sur la façon de présenter les résultats.
Les conseils d’administration français affichent une structuration croissante, avec une généralisation des processus d’auto-évaluation. Toutefois, seuls 40% des groupes ont recours à une évaluation externe, une pratique pourtant plus répandue au Royaume-Uni ou en Allemagne, par exemple.
Les administrateurs expriment le besoin de recentrer leur temps sur les enjeux stratégiques (transformation, IA, transition climatique), au-delà du seul pilotage de la performance financière et du reporting ESG qui a beaucoup mobilisé en 2024/2025.