Pour la quatrième année consécutive, WTW a réalisé une étude sur l'utilisation des indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les rémunérations variables des dirigeants. Grâce à l'analyse des informations publiques de plus de 1 000 entreprises, dont le CAC40, le S&P 500, le FTSE 100 et les principaux indices européens et d’Asie-Pacifique, cette étude comprend non seulement la prévalence des indicateurs ESG dans les plans de rémunération variable des dirigeants, mais également une analyse approfondie des méthodes de mesure de ces critères et des tendances sectorielles.
Notre analyse révèle que les indicateurs ESG sont désormais utilisés dans 81 % des plans de rémunération variable des dirigeants à l'échelle mondiale, variant de 76 % aux États-Unis à 93 % en Europe et reflétant une augmentation de 6 points par rapport aux 75 % de 2022. Alors que la plupart des entreprises intègrent des indicateurs ESG dans leurs rémunérations variables à court terme (STI), l’intégration d’ESG dans les plans d’intéressement à long terme (LTI) a augmenté régulièrement au fil du temps, particulièrement en Europe (56 % des entreprises). Aux États-Unis et au Canada, bien que l’intégration d'indicateurs ESG dans les plans LTI reste faible, leur prévalence a plus que triplé depuis 2019.
Si plus de trois quarts des entreprises en Asie-Pacifique utilisent au moins un indicateur ESG dans les rémunérations variables de leurs dirigeants, les pratiques varient considérablement selon les pays. Sur certains marchés, tels que l'Australie, le Japon et Singapour, les pratiques sont comparables à leurs homologues en Europe et en Amérique du Nord, et la communication sur la rémunération des dirigeants et la prévalence des indicateurs ESG sont importants. Sur d'autres parties de l'Asie-Pacifique, les pratiques de rémunération des dirigeants ne sont pas aussi développées, et l'utilisation des indicateurs ESG n’est toujours pas une pratique de marché.
Les indicateurs de capital humain restent la catégorie ESG la plus couramment utilisée dans les plans de rémunération variable des dirigeants. En Europe et en Amérique du Nord, la prévalence de ces indicateurs varie de 70 % à 83 %. Les critères sous-jacents les plus populaires sont l'engagement des salariés, la sécurité, la gestion des talents et plans de succession.
Entre temps, le marché a connu une expansion significative des indicateurs environnementaux et climatiques.
80% des entreprises européenne incluent désormais les indicateurs environnementaux et climatiques dans les plans de rémunération variable des dirigeants.
Au Canada, le nombre d'entreprises les incluant a doublé, passant de 27 % en 2020 à 50 % en 2023. Le développement de ces critères est encore plus remarquable aux États-Unis, où la prévalence a presque quadruplé passant de 12 % à 44 % sur cette même période. En Asie-Pacifique, leur utilisation continue de croître, passant de 28 % à 39 % aujourd’hui.
Les indicateurs ESG continuent d'être mesurés à la fois de manière quantitative et qualitative. Par rapport à la norme mondiale, les entreprises américaines continuent à privilégier l’utilisation d’indicateurs qualitatifs, tandis que trois quarts des entreprises européennes les mesurent de manière quantitative. Par ailleurs, nous observons que la performance ESG est mesurée de manière plus quantitative dans les plans LTI que dans les plans STI.
L’intégration des indicateurs ESG dans les plans de rémunération variable des dirigeants est aujourd’hui devenue une pratique universelle et les pratiques convergent quel que soit le secteur d’activité.
En termes de critères, nous observons en particulier en France que les sociétés privilégient désormais les critères ESG liés à leur stratégie et ayant le plus grand impact sur leur propre création de valeur à long terme. L’utilisation d’indices ou de notations extra-financières n’est plus l’approche privilégiée pour prendre en compte l’ESG dans les rémunérations variables.
En France, le code AFEP-MEDEF a placé, dans sa dernière version de décembre 2022 (article 5 nouveau), les enjeux de responsabilité sociale et environnementale au cœur des missions du conseil d’administration, notamment en matière climatique. Par ailleurs, plus encore que dans les autres pays, l’intégration de critères ESG dans la rémunération des dirigeants est un levier puissant pour porter ces préoccupations au premier plan. Les attentes des investisseurs et des proxys sont désormais plus grandes également. Ils attendent que ces critères soient définis de manière précise, soient liés à la stratégie de l’entreprise et que les critères quantifiables soient privilégiés.
Enfin, les investisseurs et proxys ont développé leur évaluation de la responsabilité des administrateurs. Dès 2024, ils seront particulièrement attentifs notamment à la transmission d’informations relatives à l’impact climatique des sociétés les plus exposées en raison de leur secteur d’activité et à la supervision de ces sujets par le Conseil.
Et ils n’hésiteront pas à lier cette évaluation à leurs recommandations de votes relatifs à l’élection ou au renouvellement d’administrateurs dans les sociétés françaises.