Ensemble, ils exploreront les solutions innovantes pour mieux naviguer à travers l'inflation, les tensions sur le marché de l'emploi et s'adapter aux réalités des différents secteurs d'activité.
KHALIL AIT-MOULOUD : Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue parmi nous. Pour ce septième épisode de la saison 3, j’ai le plaisir d’accueillir nos experts de l’activité Rewards Data Intelligence, Anne-Catherine Monteiro,
ANNE-CATHERINE MONTEIRO : Bonjour.
KHALIL AIT-MOULOUD : Adam Belarouci,
ADAM BELAROUCI : Bonjour.
KHALIL AIT-MOULOUD : et Youssef El Archi,
YOUSSEF EL ARCHI : Bonjour.
KHALIL AIT-MOULOUD : Lors de cet épisode, ils vont nous partager les principales tendances de rémunération observées dans le secteur des technologies et des médias en France, grâce à nos enquêtes annuelles de rémunération. Tout d’abord Adam, peux-tu nous décrire les principales caractéristiques de l’enquête de rémunération Tech, Media and Gaming 2024 en France ?
ADAM BELAROUCI : L’enquête Tech, Media and Gaming se démarque par sa capacité à offrir une vision globale des pratiques de rémunération et d’avantages sociaux sur un secteur d'activité précis grâce à une base de données qui grandit chaque année.
Et justement, en 2024, l'enquête a réuni 296 entreprises participantes, ce qui marque globalement une progression solide par rapport aux années précédentes et montre une très grande stabilité puisque près de 80% des participants à cette enquête participent chaque année.
En examinant le profil des entreprises participantes, on constate globalement une grande diversité de typologies d'entreprises, allant des start-ups aux multinationales. Et c'est aussi ce qui fait la force, de cette enquête en permettant aux entreprises de se comparer directement à leurs pairs.
Si on s'intéresse ensuite au secteur d'activité, on observe une large palette de sous-secteurs couverts par l'enquête, avec une prédominance des secteurs hardware, software et également média, internet et télécom qui vont représenter plus de la moitié des entreprises participantes. On observe également une croissance du nombre d'entreprises dans l'enquête, qui font partie des secteurs FinTech, HealthTech.
KHALIL AIT-MOULOUD : Merci Adam. Youssef, quelles sont les grandes tendances d'évolution des rémunérations en 2024 dans le secteur technologies et médias que vous avez pu tirer de l'analyse des bases de données de cette enquête ?
En 2024, de manière globale, les rémunérations dans le secteur technologie et médias suivent une dynamique positive mais dans une moindre mesure qu'en 2023, en raison notamment de la baisse progressive de l'inflation et des tensions sur le marché de l'emploi qui s'amenuise.
Pour comprendre les progressions de rémunération entre 2023 et 2024, nous avons analysé à panel constant, trois éléments de rémunération clé ce secteur : le premier qui est le salaire de base, le deuxième qui est la rémunération variable individuelle et le troisième qui est la rémunération variable collective.
En termes de salaire de base, l'évolution des salaires médians dans le secteur technologie et médias à panel constant, a été moins dynamique que ce que nous avons observé sur le marché général : 3,1% sur le marché général contre 2,4% sur votre secteur technologie et médias. Ce qui s'explique aussi certainement car le secteur technologie et médias reste plus attractif que d'autres secteurs d'activité.
De la même façon, les niveaux de rémunération variables individuelles attribuées de médian ont progressé, mais moins vite que sur le marché général puisqu'on note 3,4% sur le marché général, contre 3% sur le secteur technologie et médias.
Néanmoins, si on regarde de plus près les montants, cela représente une augmentation de plus de 200 € pour le secteur technologie et médias, contre 180€ pour le marché général. Nous avons donc en moyenne des bonus qui sont plus élevés dans le secteur technologie et médias, avec une différence d'environ plus de 3% par rapport au marché général.
En ce qui concerne les niveaux d'intéressement et de participation ou de rémunération variable collective médian versé en 2024 au titre des résultats 2023, ils ont progressé de 8,4% par rapport à l'année précédente, ce qui reflète la performance positive des entreprises.
Donc globalement, d'un point de vue très macro, on note que les évolutions sont moins dynamiques que sur le marché général, mais que le secteur reste attractif au travers d'une rétribution qui est plus forte de la performance individuelle, une composante qui reste essentielle pour retenir les meilleurs talents dans un secteur où la concurrence est forte.
Le secteur va continuer également à attirer les talents grâce au fort développement technologique typique du secteur, qui sont bousculés par la transformation digitale tel que le Big data, l'intelligence artificielle, ou encore la cybersécurité.
KHALIL AIT-MOULOUD : Merci Youssef. Adam, peux-tu nous partager les principaux facteurs qui influencent ces niveaux de rémunération pratiqués dans le secteur technologie et médias en France ?
ADAM BELAROUCI : Dans le secteur des technologies et médias en France, les niveaux de rémunération sont façonnés par plusieurs facteurs déterminants.
Tout d'abord, la localisation géographique joue un rôle crucial de l’Île-de-France, par exemple, qui est un pôle économique majeur, offre des salaires en moyenne 9% plus élevés que le reste du pays concentrant près de 47% des professionnels du secteur. Cependant, des régions comme le Sud-est qui bénéficient de hub technologique telles que Sophia Antipolis parviennent à réduire cet écart avec des salaires seulement 5% en dessous de la moyenne nationale.
Si on s'intéresse aux écarts de rémunération entre hommes et femmes, ces derniers diminuent mais restent persistants, avec en moyenne un écart de 1,3% en faveur des hommes, tous niveaux de poste confondus. L’âge est également un facteur clé, nous avons en effet observé que les salaires augmentent de manière significative au début et au milieu de la carrière, avant de se stabiliser autour de cinquante ans. Par exemple, pour des postes de management, on observe une progression salariale pouvant atteindre près de 10% d'une tranche d'âge à une autre.
Enfin, la taille de l'entreprise peut également influencer les niveaux de rémunération, les grands groupes internationaux offrant en moyenne 3,4% de plus que les entreprises plus petites.
Donc cet écart, il est particulièrement prononcé pour les jeunes talents en management, où les salaires peuvent être jusqu'à 12% plus élevés. Ces facteurs combinés soulignent l'importance pour les entreprises d'adapter leurs politiques de rémunération pour attirer et retenir les meilleurs talents dans un secteur en constante évolution.
KHALIL AIT-MOULOUD : Merci Adam. Anne Catherine pour conclure, quelles autres pratiques et perspectives de rémunération vous avez observé dans le secteur technologies et médias en France et que tu souhaiterais aborder pour conclure cet épisode ?
ANNE-CATHERINE MONTEIRO : On ne peut pas parler de tendance de rémunération sans parler de perspective d'augmentation salariale, notamment pour 2025.
La dernière édition de notre enquête Salary Budget de Planning portant sur les budgets d'augmentation en France et à travers le monde, nous donne à la fois des insights sur les budgets d'augmentation salariale sur le marché général mais aussi par secteur d'activité.
Et selon cette dernière étude qui a été publiée en janvier 2025, les augmentations salariales seraient autour de 3,5%, donc en médiane si on prend tout le panel de nos entreprises répondantes à la fois les entreprises françaises et les filiales de groupe étrangers.
Donc ce chiffre est en légère baisse par rapport aux années précédentes, soit de 0,5 points par rapport à 2023 et de 0,2 points par rapport à 2024. Et ceci s'explique car évidemment on a des niveaux d'inflation à la baisse et qui seraient autour de 2% pour cette année, donc en 2025.
Et puis on a aussi un contexte économique incertain qui oblige les entreprises, donc à avoir des budgets d'augmentation qui restent raisonnables.
Si on regarde plus particulièrement le secteur technologies et médias, on constate que les budgets d'augmentation pour 2025 seraient de 3,7% à la médiane, soit des augmentations plus fortes cette fois-ci que sur le marché général.
On l'a vu précédemment, les progressions de rémunération en 2024 ont été moins fortes sur le secteur technologies et médias que sur le marché général. Néanmoins, ces augmentations salariales plus dynamiques rééquilibrent l'ensemble et pourraient être un élément de différenciation qui devrait aider à retenir les talents critiques du secteur technologies et médias.
En parlant de différenciation, les budgets d'augmentation salariale devraient être distribués différemment en fonction des niveaux de performance, en 2024, les budgets avaient atteint les 5,1% en médiane pour les collaborateurs ayant eu une performance exceptionnelle, une façon de rétribuer la performance individuelle et de retenir les meilleurs talents.
Au-delà de la rémunération, la sécurité au travail reste également un critère décisif en termes d'attraction, mais aussi de rétention des talents sur le secteur technologies et médias tout particulièrement dans un contexte économique qui certes se stabilise, mais qui reste incertain.
Il est donc essentiel de veiller à maintenir des rémunérations compétitives et de réviser les budgets d'augmentation salariale en fonction des enjeux des entreprises.
KHALIL AIT-MOULOUD : Merci Anne-Catherine, merci Adam, merci Youssef pour ces analyses et ces décryptages.
IHSANE NIANGHANE : Nous vous remercions pour votre écoute et espérons que cet épisode vous aura apporté des éclairages sur vos différents enjeux.
Pour toute question sur nos enquêtes de rémunération, ou sur nos activités de conseil en organisation du travail et politiques de rémunération, n'hésitez pas à nous contacter.
À bientôt pour un nouvel épisode.
