Le changement climatique est, selon la communauté scientifique, l’un des plus grands défis auquel l'humanité est confrontée aujourd'hui, avec des impacts sur les populations, les écosystèmes et les secteurs économiques au niveau global.
D’un côté, le risque climatique physique comprend les impacts potentiels des évènements climatiques extrêmes ou d'évolution lente (ex. hausse des températures) sur les salariés, les actifs, les opérations, la chaine d’approvisionnement ou les investissements de l’entreprise. Ces impacts ont des conséquences économiques importantes. En effet, une étude de France Assureurs (2022) estimait la valeur des actifs mondiaux à risque en raison du changement climatique d’ici la fin du siècle entre 2,500 et 13,800 Mds de dollars.
Le changement climatique peut également avoir des conséquences pour les salariés eux-mêmes, leurs familles et leurs actifs (maisons, voitures), etc. Par exemple, les nouvelles conditions climatiques telles que la hausse des températures, peuvent aggraver certaines maladies chroniques, notamment des affections respiratoires à long terme (asthme aigu, COVID, etc.), lorsqu'elles sont associées à une mauvaise qualité de l'air. Les évènements climatiques extrêmes tels que les inondations, peuvent également provoquer des blessures et dommages matériels sur les maisons, les voitures, etc.
Le changement climatique a de nombreuses incidences sur le bien-être des salariés, qui est un facteur de grande importance pour les salariés et leurs entreprises : inconfort thermique – qui peut d’ailleurs avoir des impacts sur la productivité au travail, stress lié à la situation de crise climatique et écologique actuelle (aussi appelé éco-anxiété ou solastalgie), difficulté ou impossibilité de se déplacer lors d’épisodes climatiques extrêmes, etc., en sont quelques exemples.
Il existe également pour les entreprises, des risques émergeant de la transition vers une société « net zéro » et plus résiliente aux impacts du changement climatique ou « risques de transition ». De fait, la perception des risques et les attentes des salariés sont en pleine mutation. Chaque année, le World Economic Forum publie en amont du Forum de Davos son « Global Risks Report ». Cette année, les menaces climatiques représentent la quasi-totalité des principaux risques à 10 ans étudiés dans ce rapport. En France, selon le Baromètre de l’Institut de Radioprotection et de Sécurité Nucléaire de 2021 sur la perception des risques et de environnementaux la sécurité par les Français, les risques sanitaires sont perçus comme le principal risque, suivie de la crise climatique. De ces nouvelles perceptions et attentes de la société découle un risque réputationnel et d’image pour l’entreprise.
Enfin, on trouve les risques liés à la responsabilité légale des entreprises dans un contexte de changements et dans cadre réglementaire existant. Au niveau international, la Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD) est un groupe de travail mis en place fin 2015 par le Conseil de stabilité financière du G20 qui a comme objectif de favoriser la gestion et la transparence financière liée aux risques climatiques. En décembre 2020, les sociétés du CAC 40 ont apporté leur soutien aux recommandations de la TCFD. En Europe le règlement dit « disclosure » ou Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR) (2021) régule le reporting des risques climatiques par les entreprises. En France « l’article 173-VI de la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte » inclut le reporting obligatoire de l’exposition des investisseurs privés et publics aux risques climatiques. Les entreprises doivent : « prendre en compte des critères extra financiers, et notamment les risques climatiques, dans la gestion de leurs actifs ; rendre des comptes en la matière : indiquer comment ils participent, via leurs portefeuilles, à la transition énergétique et à lutter contre le changement climatique ; analyser leur stratégie d’investissement à l’aune de ces critères, et expliquer les changements réalisés à l’issue de celle-ci ».
On constate par ailleurs une augmentation du nombre d’actions en justice en lien avec la crise climatique. En 2021, par exemple, nous avons connu en France « l'affaire du siècle », lorsque, suite à une plainte déposée par quatre ONGs le tribunal administratif de Paris a reconnu l'État français coupable d'inaction climatique, en reconnaissant un « préjudice écologique ». L’inaction climatique est désormais « jugée illégale » et la justice française devient de plus en plus favorable à une « justice climatique ».
Le climat est une problématique centrale qui préoccupe de plus en plus les entreprises et les salariés et il est légitime de s’intéresser à l’attractivité des entreprises ayant une mauvaise réputation climat, sans une stratégie climatique en place, etc. Une façon de montrer l’engagement de l’entreprise envers l’action climatique s'observe à travers la mise en place d’avantages « climato-responsables » permettant de protéger les salariés, leurs familles et leurs biens face aux risques climatiques physiques et de répondre à leurs attentes face à la crise climatique.
Plusieurs types d’avantages « climato-responsables » peuvent être considérés, dont, notamment :
Finalement, il est important de s’assurer que les avantages proposés ne contribuent pas à aggraver la crise climatique, ou ne vont pas mettre les salariés à risque.
Le design d’une stratégie benefits « climate proofed » nécessite une très bonne connaissance des principaux risques climatiques, physiques, de transition et de responsabilité juridique auxquels les entreprises sont confrontées, ainsi que des perceptions et des attentes des salariés par rapport au climat. Elle doit être alignée avec et au service de la stratégie climat de l’entreprise.
Chaque entreprise a pour cela besoin de déterminer sa trajectoire d’action climat, pour identifier des avantages qui résonnent avec la stratégie climat de l’entreprise. Le processus et la communication sur le processus sont aussi important que les résultats obtenus.