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2023, point d’inflexion pour les régimes de retraite à prestations déterminées

Par Marco Dickner et Benoit Labrosse | 18 juillet 2023

Dans le présent article, nous nous penchons sur les raisons pour lesquelles le contexte des régimes PD a radicalement changé, faisant de 2023 un point d’inflexion pour de nombreux promoteurs de régimes.
Investments|Retirement
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Dans le présent article, nous nous penchons sur les raisons pour lesquelles le contexte des régimes PD a radicalement changé, faisant de 2023 un point d’inflexion pour de nombreux promoteurs de régimes. De plus, nous examinons pourquoi, pour de nombreux promoteurs, le moment est opportun pour revoir leurs stratégies en matière de régimes de retraite.

Il n’y a pas très longtemps, le secteur des régimes de retraite discutait de l’incidence que pourraient avoir des taux d’intérêt nominaux négatifs sur la solvabilité des régimes de retraite au Canada, comme on l’a vu dans d’autres marchés développés du monde. De nombreux promoteurs de régimes se sont concentrés sur la gestion du déficit de solvabilité de leur régime en composant avec une combinaison de rendements attendus généralement faibles, tout en visant à maintenir un niveau de cotisation raisonnable. Pour aider les promoteurs à s’y retrouver dans un contexte de faibles rendements, plusieurs provinces ou territoires au Canada ont remplacé ce qui avait été un cadre de capitalisation plus volatil et guidé par la réglementation sur la solvabilité des régimes de retraite, par une approche de capitalisation plus stable, avec des marges supplémentaires.

Puis la pandémie est arrivée. Au début, elle a créé une forte volatilité sur les marchés, forçant même certains organismes de réglementation à effectuer des rajustements pour protéger les droits aux prestations des participants. Les économies de pays développés ont connu un changement de paradigme important lorsque les travailleurs non essentiels se sont fait imposer de travailler de leur domicile pendant une période prolongée, créant un changement permanent pour de nombreuses entreprises. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, l’incidence de la masse monétaire excédentaire liée à la pandémie de COVID-19 et les conflits géopolitiques ont fini par pousser l’inflation à des niveaux jamais vus depuis plus de trente ans, ce qui est rapidement devenu la principale source de préoccupation pour les banques centrales à travers le monde.

Cette toile de fond a entraîné une transformation importante de la courbe de rendement des obligations du gouvernement du Canada au cours des trois dernières années, comme on peut le voir ci-dessous. L’ensemble de la courbe de rendement des taux d’intérêt a augmenté, la portion à courte échéance étant supérieure à celle à longue échéance, ce qui porte à croire que les banques centrales devraient assouplir leurs mesures correctives à un moment donné.

Le point d’inflexion de 2023 découle de l’amélioration du niveau de provisionnement depuis trois ans

Au cours de la dernière décennie, les portefeuilles ont enregistré de bons rendements, et d’importantes cotisations ont été versées, mais il y a eu peu d’amélioration pour ce qui est du niveau de provisionnement, à l’exception des trois dernières années. Le graphique ci-dessous montre que depuis trois ans, nous sommes dans un marché haussier relativement à l’état du niveau de provisionnement, et ce, pour les raisons suivantes :

  • excellents rendements des actions en 2020 et en 2021;
  • une plus grande réduction du passif que de l’actif des régimes; depuis 2022, la plupart des régimes ne sont pas entièrement couverts pour les fluctuations des taux d’intérêt; et
  • incidence de l’amélioration de la tarification des rentes collectives.

Suivi du degré médian de solvabilité des régimes PD enregistrés en Ontario

Tableau du degré médian de solvabilité au cours des dix dernières années, se situant principalement entre 85 % et 105 %, sauf depuis 2021, lorsque le niveau de provisionnement médian a dépassé la marque des 105 %.
Hausse marquée du degré de solvabilité au cours des trois dernières années, dénotant ainsi un marché haussier relativement à l’état du niveau de provisionnement sur trois ans.

L’amélioration considérable du niveau de provisionnement a transformé les conversations que nous avons avec de nombreux promoteurs de régimes. Nous sommes passés de l’élaboration de stratégies visant à éliminer les déficits des régimes à des discussions portant sur les stratégies axées sur les possibilités de tirer parti du niveau actuel des surplus et de leur possible croissance future, tout en assurant une protection contre les risques de détérioration.

Quels sont les autres facteurs qui font que 2023 est un point d’inflexion?

En plus de l’amélioration du niveau de provisionnement, plusieurs autres facteurs contribuent à faire de 2023 une année de point d’inflexion :

  • La tarification relative des rentes collectives au Canada a changé. Comme on le voit ci-dessous, l’écart offert par les assureurs par rapport aux taux sans risque à long terme montre un rendement implicite qui a augmenté d’environ 40 à 50 pb depuis 2019 par rapport à son niveau historique. L’écart de crédit offert par un portefeuille de rentes collectives s’aligne désormais davantage sur l’écart de crédit d’un portefeuille constitué d’obligations de sociétés de qualité supérieure (similaire au taux d’actualisation sur base comptable) par rapport à l’écart précédemment intégré dans l’indice FTSE Obligations à long terme. Ce changement a une incidence sur les portefeuilles d’investissement guidé par le passif (IGP) puisque le taux de rendement minimal lié au passif (taux minimal requis par le portefeuille pour soutenir la croissance des passifs de solvabilité des participants inactifs) a augmenté aussi de 40 à 50 pb. L’augmentation de l’écart des taux d’achat de rentes résulte en une baisse d’environ 5 % des passifs de solvabilité relativement aux participants dont la rente est en cours de versement. Votre portefeuille d’IGP a-t-il suivi l’évolution du passif de solvabilité? Bien que vos obligations puissent vous protéger contre les effets des fluctuations des taux d’intérêt, elles pourraient ne pas vous protéger contre le passage du temps et entraîner une baisse du niveau de provisionnement du régime.
  • Le lien entre les taux de rendement des obligations du gouvernement du Canada et les primes de risque liées aux actions a considérablement changé au cours des dernières années. Dans un contexte de taux d’intérêt où les taux étaient très bas, les primes de risque liées aux actions étaient plus attrayantes compte tenu de l’écart important avec le profil de rendement attendu. D’autres catégories d’actifs, comme les actifs alternatifs ou les actifs réels, étaient également plus attrayantes du point de vue du rendement. Maintenant que les taux d’intérêt ont augmenté, le rapport risque-rendement entre les titres à revenu fixe et les actions a changé, surtout pour les promoteurs qui envisagent des stratégies d’IGP à rendement excédentaire où le rendement cible du portefeuille de titres à revenu fixe est de 50 à 100 pb supérieur à la croissance du passif.
  • Les solutions de placement qui, pendant des années, étaient accessibles aux grands investisseurs institutionnels complexes sont devenues beaucoup plus accessibles pour les régimes de retraite. Qu’il s’agisse d’une exposition à des actifs réels, à des catégories d’actifs non traditionnelles, à un fonds d’obligations de très longue durée ou à d’autres catégories d’actifs non liquides, les régimes de retraite n’ont jamais disposé d’autant d’outils de placement pour gérer les risques et le rendement de leurs caisses de retraite.
  • La répartition dynamique des actifs (itinéraire de placement) qui a été établie en utilisant un seul ensemble de déclencheurs (p. ex., degré de solvabilité d’un régime) devrait maintenant être revue pour tenir compte des changements apportés aux règles de financement des régimes. Le taux d’actualisation des engagements sur base de continuité n’a plus besoin de refléter la nature dynamique de la politique de placement, conformément aux récentes modifications apportées aux normes de pratique de l’Institut canadien des actuaires.
  • D’autres circonstances ont contribué à faire de 2023 une année de point d’inflexion. L’adoption du projet de loi C-228, la Loi sur la protection des pensions et ses effets possibles sur la stratégie de transfert des risques liés aux régimes de retraite. Le projet de loi soulève également la question de la pertinence du niveau futur de la couverture et des primes du Fonds de garantie des prestations de retraite (FGPR).
  • Les opinions sur l’inflation observée et prévue ont une incidence sur les stratégies déployées pour des régimes ayant une exposition au risque d’inflation.
  • Enfin, le vieillissement de la population a une incidence sur la maturité des régimes et augmente la proportion des passifs attribuables aux participants inactifs, créant des conditions qui pourraient favoriser une approche de gestion ou de transfert des risques.

La voie à suivre

Une stratégie de financement des régimes de retraite à prestations déterminées est un plan d’action visant à aider un promoteur ou un comité de retraite à atteindre ses objectifs à long terme en optimisant l’interaction entre la conception du régime, l’investissement, la capitalisation, les mesures de transfert de risque, tel qu’il est indiqué ci-dessous.

Cadre de la stratégie de financement de WTW

Cadre de la stratégie de financement de WTW - description below
Dans le cadre de la stratégie de financement de WTW, on définit d’abord la vision et les objectifs, puis on établit les leviers et les occasions en matière de capitalisation, d’investissement, de transfert de risque et de conception. L’exécution rigoureuse et le suivi des résultats sont les deux dernières étapes du processus.
Les quatre leviers de développement d’une stratégie de financement sont la capitalisation, l’investissement, le transfert de risque et la conception.

La boîte à outils associée à chacun des leviers ci-mentionnés n’a jamais été aussi bien remplie. Compte tenu des changements importants décrits ci-dessus, un examen de la stratégie pourrait mener votre organisation à adopter une stratégie de financement très différente de celle qui avait été établie au départ.

Dans notre prochaine publication, nous fournirons des renseignements aux promoteurs de régimes qui envisagent des opérations de transfert des risques liés aux régimes de retraite ou des liquidations de régimes. Plus précisément, nous parlerons des éléments clés à prendre en considération pour adopter une trajectoire optimale.

Conclusion

Les promoteurs de régimes de retraite devraient considérer 2023 comme un moment décisif marqué par la capacité d’apporter des changements étant donné le niveau de provisionnement favorable de leur régime. Comme le niveau de provisionnement n’a pas été aussi élevé depuis longtemps, nous sommes fermement persuadés que le temps semble venu de revoir la stratégie en matière de régimes de retraite et de prendre des mesures pour générer davantage de valeur pour toutes les parties prenantes.

Auteurs

Chef de la gestion des risques de retraite

Stratège, Gestion des risques de retraite

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