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Comment progresser dans la gestion des risques climatiques physiques tout en respectant les cadres de reporting ESG ?

11 Janvier 2024

Face à des enjeux climatiques de plus en plus complexes, les organisations peuvent ressentir un sentiment d’impuissance, pouvant entrainer des difficultés à définir une stratégie adaptée et des plans d’actions pertinents.
Climate|Environmental Risks|ESG and Sustainability
ESG In Sight

Face à des enjeux climatiques de plus en plus complexes, les organisations peuvent ressentir un sentiment d’impuissance, pouvant entrainer des difficultés à définir une stratégie adaptée et des plans d’actions pertinents. Au cours de notre récent webinaire au Benelux, nous avons mobilisé un panel de spécialistes afin de discuter de ce nouveau contexte et de réfléchir sur les enjeux actuels et futurs des organisations face aux risques climatiques physiques et aux cadres de reporting associés. Ce webinaire a fait émerger différents grands axes de réflexion sur l’établissement d’une feuille de route permettant aux organisations de répondre à ces enjeux et ainsi d’atteindre leurs objectifs.

Une difficulté à démarrer

Au regard du contexte et de l’amplification de ces enjeux depuis quelques années, les organisations devraient dans l’idéal déjà être engagées dans la définition et la mise en place d’actions d’atténuation des risques physiques climatiques (tels que les phénomènes météorologiques extrêmes et les effets du réchauffement de la planète). La réalité est cependant plus complexe, puisque la majorité des participants au webinaire ont déclaré qu'ils n'en étaient qu'au stade de la planification.

Comprendre l'exposition au climat

Il est essentiel pour les organisations de commencer par comprendre précisément aux risques physiques climatiques. Julien Hornacek (Responsable de l’ERM et du conseil en transition climatique en Europe au sein de WTW) a expliqué qu’au regard de la complexité des structures de nombreuses organisations, il est pertinent pour les entreprises de mettre en place en premier lieu une approche de matérialité permettant l’identification des expositions les plus critiques. L'importance d’envisager diverses perspectives temporelles et des scénarios multiples (au regard notamment des hypothèses définies par les travaux du GIEC) a également été soulignée, tout comme la nécessité d'identifier et de mesurer chaque risque séparément, afin de faciliter la mise en place d’une procédure adéquate de gestion des risques, et non pas uniquement des procédures génériques non adaptées aux réalités opérationnelles.

Iwan Drost (Responsable Risk & Analytics WTW au Benelux), a confirmé l’importance de cette démarche, tout en estimant qu’il était également nécessaire de se concentrer sur les lieux les plus vulnérables. En parallèle, d'autres facteurs clés devraient être pris en compte, notamment le niveau de maturité d’une organisation en matière gestion des risques et la complexité de l’ensemble de sa chaîne d'approvisionnement.

Une réponse des entreprises

Face à ces différents enjeux, Geert De Saegher (Responsable de la gestion des risques, des assurances et des crédits chez Bekaert - multinationale active dans la transformation des fils d'acier et les technologies de revêtement) a expliqué comment son entreprise a accéléré son parcours de gestion des risques climatiques. L’approche choisie s’est inscrite dans un cadre pluriel : gestion des risques d'entreprise, Taxonomie Européenne, exigences ESG. Une feuille de route en trois étapes a été construite, dans laquelle Bekaert a d'abord évalué son empreinte de production via la détermination des trois KPI verts (chiffre d’affaires, Capex, Opex). L'impact potentiel des risques climatiques matériels a ensuite été calculé pour ses sites les plus exposés, en prenant en considération plusieurs horizons temporels. Après avoir défini l’ensemble de ces éléments, la stratégie d'adaptation à ce nouveau contexte a été co-définie avec les différentes parties prenantes du projet.

S'adapter aux réglementations et aux changements constants

Pour les organisations, ce contexte est complexifié par la multitude de réglementations locales, régionales et mondiales qu’elles doivent parvenir à prendre en compte, telles que la Task Force on Climate-related Financial disclosures (TCFD), la Taxonomie Européenne ou encore la directive CSRD.

Face à cette enjeux, Bekaert a adapté ses exercices d'évaluation des risques afin de prendre en compte l’ensemble de ces règlementations. Cette capacité à adapter de façon régulière ses méthodes de travail lui permettra de continuer à tenir compte des nouvelles exigences, ainsi que des changements de technologies et des solutions en découlant.

Accompagner les actionnaires dans cette démarche

Transparence, consensus et engagement sont autant d’éléments essentiels à la création d’une feuille de route permettant aux organisations de faire face efficacement au changement climatique. Les risques climatiques impliquent également d’être intégrés à une démarche globale de gestion des risques, impliquant notamment les enjeux de continuité d’activité, de réputation ou encore de conformité. Cela nécessite de pouvoir impliquer, engager et gérer l’ensemble des interfaces de l'entreprise avec son écosystème et ses parties prenantes (internes et externes) : Conseil d'administration, investisseurs, voisinage des sites, employés… La définition et la mise en œuvre de solutions d'adaptations sont des tâches complexes pour lesquelles le soutien de l’ensemble des parties prenantes est en effet crucial.

En tant que gestionnaires de risques, nous jouons un rôle de facilitateur. L'implication étroite des parties prenantes est la clé d'une gestion des risques réussie.”

Geert De Saegher | Head of Risk, Insurance & Credit Management, Bekaert, Belgium

Surmonter une triple complexité

Afin de déterminer l’exposition d’une organisation au risque physique climatique, il est nécessaire d’avoir recours à des modèles prédictifs, dont l’utilisation peut revêtir une certaine complexité. L’adoption d’une approche pragmatique, concentrée sur l’analyse de tendances générales, est donc à privilégier. Une bonne pratique pourrait également être la sollicitation d’expertises dédiées afin d’interpréter au mieux les résultats des données.

Deuxièmement, certaines parties prenantes pourraient parfois considérer qu’il existe des décalages entre le court-termisme des prises de décision managériales vs l’impact à long terme du changement climatique. L’objectif principal sera ici de faire prendre conscience à ces parties prenantes d’une matérialisation déjà initiée du changement climatique, avec des conséquences visibles dans de nombreux domaines, témoignant en réalité d’un alignement temporel des divers enjeux.

Enfin, l’analyse de l'impact des risques physiques climatiques dans les chaînes d'approvisionnement complexes implique de se concentrer en priorité sur les fournisseurs de premier rang, en particulier les plus critiques. Les organisations seront ensuite à même de déployer leurs exigences de reporting tout au long de la chaîne.

Exploiter les résultats

Le renforcement continue et la montée en maturité des organisations sur le sujet de la gestion du risque physique climatique va leur permettre d’acquérir régulièrement et de manière itérative une vision plus fine des enjeux auxquels elles sont confrontées et de l'impact que ces risques peuvent avoir sur leurs activités. En capitalisant sur l’expérience et sur cette montée en maturité, les organisations pourront capitaliser sur ces compétences nouvellement acquises afin de mieux s’informer et connaitre ces risques, mais également afin de mobiliser plus facilement les nombreuses parties prenantes, et ainsi déployer de manière efficace des stratégies d'adaptation et d'atténuation, soutenues par l’utilisation de tableaux de bord adaptés.

Capitaliser sur les résultats des modèles d’analyse permettra alors de définir et d’améliorer le processus de sélection des nouveaux sites et d’analyser les risques associés aux projets d'expansion. Cela permettra également d’évaluer les dépenses d'investissement nécessaires à l’atténuation des risques observés.

La voie à suivre

Afin de pouvoir bâtir une feuille de route efficiente face aux enjeux de risque physique climatique, et pleinement adaptée à leurs enjeux spécifiques, les organisations doivent décomposer leurs approches en des éléments facilement exploitables. Ainsi, comme l'impose déjà la TCFD, elles doivent tout d’abord envisager différents horizons temporels et différents scénarios, mais également se concentrer sur les vulnérabilités les plus conséquentes de leur activité, puis collaborer avec l’ensemble des parties prenantes concernées par ces enjeux, ainsi qu’avec les organismes de réglementation. De cette manière, la démarche d’adaptation aux risques physiques climatiques pourra être un véritable succès.

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Directeur Risk & Analytics Europe ERM et Transition Climatique

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